Pollution bactérienne du Verdouble

Lors du dernier comité ressource en eau qui s’est déroulé le 18 juillet 2024,  la FRENE a interpellé la préfecture sur l’état biologique d’un affluent de l’Agly, le Verdouble, dont le débit constaté depuis quelques semaines est en dessous du débit biologique. La FRENE  s’étonne que malgré ce constat, la baignade sur le site des Gouleyrous ait été maintenue au plus fort de la crise.

Malgré des propos rassurants de l’Agence Régionale de Santé lors de ce comité affirmant que tout était  sous contrôle,  le syndicat de bassin apportait un démenti pendant la même réunion en indiquant que la baignade venait d’être interdite par arrêté municipal à la suite des analyses révélant une pollution bactérienne à E.Coli et à entérocoque, au-delà des seuils réglementaires, rendant de facto la baignade dangereuse pour la santé publique. Le représentant de l’ARS a semblé découvrir cette information.

Cette situation était prévisible. En effet, nous rappelons que le lieu de baignade « aménagé » et autorisé en 2023 était interdit jusqu’à lors depuis 2006. Car ce lieu de baignade se trouve être également le point de captage pour l’eau potable de la commune de Vingrau et bientôt de Tautavel. Lors de l’enquête  pour la déclaration d’utilité publique de ce captage, le point singulier des périmètres de protection du captage avait d’ailleurs retenu toute l’attention du commissaire enquêteur qui avait émis une réserve sur cette DUP en précisant bien que tant que l’arrêté d’interdiction de la baignade n’était pas respecté dans les faits sur l’aire de captage de l’eau potable, son avis devait être regardé comme défavorable.

Contre toute attente, le préfet  a décidé de ne pas tenir compte de cet avis. La  DUP permet la baignade sur une des berges du Verdouble en précisant que le périmètre de protection serait le milieu du cours d’eau, donc en interdisant l’autre berge. En dehors du fait que cette disposition ne peut être jamais respectée dans les faits, les bactéries Escherichia coli  ont démontré qu’elles ne connaissent pas de frontière dans un cours d’eau.

Par ailleurs, cette baignade a été autorisée en 2023  avec l’appui d’une étude de profil de baignade quidoit identifier les sources de pollution susceptibles d’avoir un impact sur la qualité des eaux et la santé des baigneurs. Or, comme nous avons pu l’écrire à M. le sous-préfet d’arrondissement en son temps, cette étude recelait de nombreux biais, et la collectivité n’a pas hésité  à en falsifier les données. En effet, l’appréciation du risque se fait sur la base du volume d’eau disponible par baigneur suivant les recommandations de l’AFSSET en prévoyant des seuils afin de limiter le risque de contamination inter-humaine lors de la baignade. Cette règle prévoit notamment pour les surface de baignade supérieure à 5000 m2,  de disposer de 20 m2 par baigneur.

L’étude du  profil de baignade précisait  : “La zone de baignade des gorges du Gouleyrous est de 15000 m2. Il est donc recommandé une fréquentation maximale de 750 personnes par jour (15000/20=750). (…) Ce seuil semble être atteint durant l’essentiel de la période de baignade (au moins durant les mois de juillet et août), voire même dépassé. (…) Une telle affluence ne va pas sans interroger sur les conséquences possibles en termes de contamination microbiologique. En effet, un nombre élevé de baigneurs peut entraîner une forte charge bactérienne. En cas de fortes chaleurs, avec les débits de plus en plus faibles lors d’étiages sévères, le faible taux de renouvellement de l’eau pourrait favoriser un développement bactérien.”.

Dans cette étude, le ratio de baigneurs maximum pour limiter le risque de pollution bactériologique correspond aussi  à la fréquentation moyenne mesurée par la communauté d’agglomération de Perpignan sur le site à savoir 750 baigneurs. Toutefois, l’étude révèle que la surface du plan de baignade utilisée pour appliquer cette règle est de 15 000 m2, alors qu’il est en réalité de 3 200 m2 . Soit 5 fois moins. En conséquence, la fréquentation ne devrait pas dépasser 160 baigneurs par jour suivant la règle de l’AFFSET. C’est huit fois plus en réalité.

Malgré l’alerte que nous avions lancée par courrier auprès des  services compétents en 2023, rien n’a été fait pour limiter les risques. Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner de la pollution  en période d’étiage d’un lieu qui reste avant tout la réserve d’eau potable des communes de Vingrau et bientôt de Tautavel .

Le défaut de surveillance de ce lieu de baignade a déjà coûté la vie à une fillette, le tourisme à tout crins doit-il en plus être prioritaire sur le bien commun de disposer d’une eau potable de bonne qualité ?