PORT-VENDRES : 2 200 ANS D’HISTOIRE ENGLOUTIS

Communiqué de presse du 3 septembre 2023

PORT-VENDRES : 2 200 ANS D’HISTOIRE ENGLOUTIS

Les autorités municipales fêtent en grande pompe le bicentenaire de la commune de PORT-VENDRES  alors qu’elles devraient fêter au moins les 2200 ans du port (la flotte de Caton en -195). Que cachent ces deux mille ans d’oublis ? Comme la FRENE l’a démontré lors de l’enquête publique définissant le Site Patrimonial Remarquable en s’appuyant sur des sources historiques concordantes, il y a une volonté révisionniste d’occulter le passé romain de la cité et de négliger les recherches archéologiques antérieures.

Depuis quatre siècles, la thèse classique est de reconnaître que Port-Vendres est bien le Portus Veneris, port gallo-romain, et qu’un temple de Vénus s’y trouvait. C’est ce que dit le Traité des Pyrénées dans ses procès-verbaux, c’est également ce qui est écrit dans le Traité d’Histoire générale du Languedoc des historiens bénédictins Devic et Vaissete. Jusqu’à preuve du contraire c’est cela l’Histoire de France qui était enseignée aux Français dans l’ouvrage de Malet, Isaac et Béjean.

C’est en 2009 que le Pr Thollard apportait la preuve dans un ouvrage international « La Gaule selon Strabon » (édit. C. Jullian) par des mesures précises et multiples que le temple d’Aphrodite-Vénus correspondait à Port-Vendres. Cet archéologue historien de l’antiquité  a documenté certaines parties du  livre du Pr Bisconte de Saint-Julien, livre publié en 2019 sous le titre : « Pyréné. La Cité et l’Île retrouvées ».  Lors d’une conférence – débat sur le sujet le 20 février 2020  aucun archéologue du département n’a soutenu les thèses révisionnistes de l’ancien maire de la commune et du conseil départemental actuel.

Cet empressement à fêter une histoire rabougrie de PORT-VENDRES s’explique par une actualité dramatique concernant l’avenir de la commune. Pendant que les voiles du Belem claquent au vent, la grue de la Sté Eiffage tournicote au-dessus de la plage des Tamarins.

Les opérations de destruction d’un site culturel et historique de la Côte vermeille sont en cours. Les responsables politiques et le préfet nous amusent avec un anniversaire alors même qu’ils sont les fossoyeurs de ce qui fait l’histoire c’est à dire  la mémoire des gens, la mémoire des lieux, les sources archéologiques.

Les travaux de recherche des associations ont conduit le ministère de la culture à réviser ses thèses ignorantes sur le passé antique de Portus Veneris. Aujourd’hui le ministère est saisi d’une nouvelle découverte qui devrait pour le moins faire suspendre les travaux envisagés pour un nouveau quai.

A l’Anse des Tamarins, une découverte met en cause l’absence de fouilles préventives 

Le 23 août 2023, M. Michel Sauvant, ingénieur polytechnicien, chercheur indépendant, membre  de l’AAPO (Association Archéologique des P.O.), a déposé auprès du DRASSM (Ministère de la Culture) une découverte potentielle dans une zone du port de 3000 m2 jamais sondée. Son étude est fondée sur une photo aérienne publique de l’anse des Tamarins datant de 1953. La faible profondeur de cette zone, l’ensoleillement fort et la transparence de l’eau au moment de la photo permettent de voir des fonds sombres et d’autres clairs séparés par des lignes droites se rejoignant avec des angles droits. Cette lecture est similaire à celle de photos aériennes laissant deviner des anciens murs d’édifices enfouis sous des prés. Aux Tamarins l’étude aboutit à l’hypothèse de vestiges de darses.  Les mesures correspondent à celles des navires antiques ou médiévaux.

Ces navires rentraient depuis le chenal du port, les quais se rejoignaient en un terre-plein allant jusqu’à la plage. En 2001 et 2003 l’archéologue M. Guyon avait d’ailleurs écrit, suite de la réalisation de huit sondages sous la responsabilité  de l’INRAP :  « Ce type d’aménagement pourrait avoir assuré une zone de meilleure qualité pour le déchargement maritime ». Et pourtant rien n’a été fait depuis. De même en 2008 après que des archéologues de l’ARESMAR, auteurs des fouilles fructueuses de l’entrée du Port, aient écrit : « La construction du quai entraînerait la couverture d’une partie du gisement et surtout la destruction par dragage d’une autre partie »

En conséquence il est urgent et indispensable que le ministère de la culture fasse réaliser une évaluation complète de tous les fonds de l’anse par un géo-radar de haute précision et rende publique les résultats, puisque le port appartient au domaine public. La loi sur les fouilles préventives devra être ensuite appliquée en fonction des résultats de cette évaluation. Il en va de la réussite de la seule sauvegarde (ou reproduction) possible des vestiges du port de Vénus.

À PORT-VENDRES, l’histoire n’est pas une fête, c’est un combat pour la vérité et le respect de lois !